<$BlogRSDUrl$>

sexta-feira, janeiro 27, 2006

Justo, juste 

"Stepan
Des enfants! Vous n'avez que ce mot à la bouche. Ne comprenez-vous donc rien? Parce que Yanek n'a pas tué ces deux-là, des milliers d'enfants russes mourront de faim […] N'êtes-vous donc pas des hommes? Vivez-vous dans le seul instant? Alors choisissez la charité et guérissez seulement le mal de chaque jour, non la révolution qui veut guérir tous les maux, présents et à avenir.

Dora
Yanek accepte de tuer le grand-duc puisque sa mort peut avancer le temps où les enfants russes ne mourront plus de faim. Cela déjà n'est-pas facile. Mais la mort des neveux du grand-duc n'empêchera aucun enfant de mourir de faim. Même dans la destruction, il y a un ordre, il y a des limites.

Stepan
Il n'y a pas des limites. La verité est que vous ne croyez pas à la révolution […] si vous étiez sûrs […] que pèserait la mort des deux enfants? Vous vous reconnaîtriez tous les droits, tous […]

Kaliayev
[…] J'ai accepté de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis, je vois annoncer un despotisme qui, s'il s'installe jamais, fera de moi un assassin alors que j'essaie d'être un justicier.

Stepan
Qu'importe que tu ne sois pas un justicier, si justice est faite, même par des assassins. Toi et moi, ne sommes rien.

Kaliayev
Nous sommes quelque chose et tu le sais bien puisque c'est au nom de ton orgueil que tu parles encore aujourd'hui.

Stepan
Mon orgueil ne regarde que moi. Mais l'orgueil des hommes, leur révolte, l'injustice où ils vivent, cela, c'est notre affaire à tous."

Albert Camus, Les justes

0 comments

Post a Comment

This page is powered by Blogger. Isn't yours?